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Histoire brève de la calligraphie chinoise

I. Les traces à l'âge du bronze

(v. 1900/1800-1400/1300 av. J.-C.)

Les poteries découvertes sur les sites des cultures d'Erlitou 二里头文化 et d'Erligang 二里岗文化 du début de l'âge du bronze dans les régions du fleuve Jaune en Chine nous témoignent de la présence de signes symboliques ou graphiques : ce sont les premières inscriptions pouvant constituer un indice de l'émergence d'un système d'écriture ou d'une pratique de l'écriture en Chine.

la culture d'Erlitou calligraphie chinoise

Fragments de poterie découverts sur les sites 

de la culture d'Erlitou (1900-1500 av. J.-C.) 二里头文化陶文

II. Jiaguwen 甲骨文 et Jinwen 金文 : les premiers signes calligraphiques

(v. 1300-771 av. J.-C.)

Les Jiaguwen sont des inscriptions gravées sur des os d'animaux tels que des omoplates de bovins ou des écailles de tortue, d'où leur appellation littéralement traduite : l'écriture ossécaille. Elles furent découvertes en 1899 par le savant chinois Wang Yirong 王懿荣 (1845-1900), qui contracta la malaria et fit acheter des plaquettes de tortue, surnommées « os de dragon » comme médicament contre cette maladie. Plus de 150 000 plaquettes ont été déterrées jusqu'à nos jours, comptant environ 4500 signes (à peine 2500 ont été déchiffrés) composés de pictogrammes, d'indicateurs simples, d'idéogrammes et d'idéophonogrammes. Ces signes furent utilisés en tant que symboles divinatoires ou oraculaires à partir de la fin de la dynastie Shang (v. 1570-1045 av. J.-C.), relatant essentiellement les événements de la famille royale à l'époque : naissances, décès, mariages etc. Cette pratique se poursuivit jusqu'à la dynastie Zhou de l'Ouest (v. 1046-771 av. J.-C.). Gravées et préalablement tracées au pinceau en noir et en vermillon, les Jiaguwen permettent déjà d'identifier certains critères de calligraphie : une ossature droite, des traits fins, solides et énergiques ; une facture habile et dynamique maîtrisée par les artisans, ainsi que des variations considérables selon les différentes périodes.

Les Jinwen sont des inscriptions sur bronze datant du milieu de la dynastie Shang et furent à la mode au cours de la dynastie Zhou de l'Ouest. Sous les Shang, à l'exception des emblèmes claniques, on trouve peu d'inscriptions en Jinwen ; sous les Zhou de l'Ouest en revanche, des textes traitent de sujets très variables tels que l'attribution des titres et des récompenses, l'enregistrement des exploits, l'exaltation des expéditions militaires et des mérites des ancêtres, etc. Au niveau des caractéristiques, les Zhou maîtrisent parfaitement la technique de fonte permettant de former les Jinwen. cette écriture normalisée, simplifiée et alignée présente des traits généreux, souples et stables. Dotée d'une simplicité à la fois naturelle et esthétique, sa forme lui confère une apparence plus majestueuse que les JiaguwenL'usage des Jinwen disparaissait progressivement vers la fin de la période des Royaumes combattants et fut complètement abandonné après l'unification de la Chine par la dynastie Qin en 221 avant J.-C.

Inscriptions sur carapace de tortue calligraphie chinoise

Fragment de carapace de tortue 

Inscriptions sur bronze calligraphie chinoise

Inscriptions sur bronze au creux du vaisseau 

Xinghou 邢侯簋, début de la dynastie Zhou de l'Ouest 

III. Dazhuan 大篆 : le style « grand-sceau » 

(770-221 av. J.-C.)

Vers 770 avant notre ère, la dynastie Zhou de l'Ouest s'effondra et la dynastie des Zhou orientaux (770-256 av. J.-C.) entra en scène. On distingue deux périodes sous cette dynastie : la période des Printemps et Automnes (770-476/403 av. J.-C.) et celle des Royaumes combattants (475/402-221 av. J.-C.). À cette époque, plusieurs formes d'écriture issues des Jinwen et proches les unes des autres sont pratiquées dans les royaumes émergents (Chu 楚, Han 韩, Qi 齐, Qin 秦, Wei 魏, Yan 燕, Zhao 赵) qui s'affranchissent au fil du temps de la tutelle symbolique des Zhou. Au sens large, on appelle ces écritures Dazhuan 大篆, le style « grand-sceau » ou « grand-sigillaire ». Au sens strict du terme, le Dazhuan se réfère à l'écriture du royaume Qin, aussi connue sous le terme Zhouwen 籀文, un style légitimement reconnu comme étant très proche des Jinwen et qui inclut également des éléments des Jiaguwen. 

L'écriture Dazhuan se caractérise par ses formes toutes libres et plus concises : tout à la fois carrées, arrondies, minces, larges et anguleuses. Elle est tracée principalement au pinceau sur des lamelles de bambou ou sur de la soie, et très souvent un même caractère pouvait être écrit de différentes manières. Une prise de liberté considérable qui annonce déjà une tendance artistique.

écriture sigillaire ou grand sceau calligraphie chinoise
inscriptions sur tambours de pierres écriture sigillaire calligraphie chinosie

Inscriptions sur tambours de pierre des Qin

Shiguwen 石鼓文 

​Écriture grand-sceau (zhouwen) du royaume Qin

​Écriture grand-sceau du royaume Chu 

tracée sur lamelle de bambou 

IV. Unification et émergence des styles 

(221 av. J.-C.-220 apr. J.-C.)

En l''an 221 avant notre ère, presque trois siècles de divisions et de guerres s'achèvent par l'unification de la Chine par le Royaume Qin, fondant ainsi la première dynastie impériale chinoise. Afin de consolider le pouvoir central et de mettre en place un système d'homogénéisation, quantité de réformes furent mises en place dont la normalisation de la langue et de l'écriture. Sous l'impulsion du Premier ministre Li Si 李斯 (284-208 av. J.-C.), l'écriture « grand-sceau » fut très vite perfectionnée et transformée en écriture dite « petit-sceau » ou « petit-sigillaire » : Xiaozhuan 小篆. Cette nouvelle graphie, plus concise encore, se distingue par son espacement égal entre les caractères et la symétrie des traits dans un même caractère. Elle permet une pratique beaucoup plus rapide que le Dazhuan

écriture petite sigillaire calligraphie chinoise

Gravure sur pierre du mont Yi 峄山碑, Li Si 李斯 

​Écriture petit-sceau de la dynastie Qin

Malgré tout, l'usage de l'écriture Xiaozhuan n'arrive pas à répondre de manière efficace aux gigantesques notations qu'utilisent les administrations, d'autant plus qu'elle se limite particulièrement dans les rédactions des textes à l'échelle impériale, dans la gravure des sceaux et des inscriptions lapidaires. C'est ainsi qu'émerge un nouveau style plus évolué : l'écriture des scribes Lishu 隶书 ou plus précisément, l'écriture des scribes des QinQinli 秦隶.

Selon la tradition, un certain officier Cheng Miao 程邈 (dates de naissance et de décès inconnues) de la dynastie Qin aurait été le créateur du Lishu. Comparativement au style « petit-sceau », le Lishu présente des traits plus épais et un ductus plus rythmique : les pleins et les déliés sont fortement contractés. Au lieu de garder la forme arrondie et dressée du Xiaozhuan, le Lishu est aplati, carré et anguleux avec des courbes qui se brisent à l'angle. En outre, on ne trouve quasiment plus de traces hiéroglyphiques dans les caractères. Encore moins encombrant et plus facile à écrire, il se substitue peu à peu au Xiaozhuan et devient le style courant au cours de la dynastie Han (202 av. J.-C.-220 apr. J.-C.), successeur des Qin.

écriture des scribes calligraphie chinoise

Textes sur lamelles de bambou de Shuihudi 

睡虎地秦简

​Écriture des scribes des Qin

écriture des scribes des Han occidentaux

Textes sur lamelles de bambou de Jiaqu houguan

西汉 甲渠候官简 《相利善剑刀册》

​Écriture des scribes des Han occidentaux 

tête du ver à soie et queue de l'oie 蚕头雁尾 calligraphie chinoise

Caractéristiques du trait horizontal du style des scribes :

tête du ver à soie et queue de l'oie 蚕头雁尾

La dynastie Han se divise en deux parties : les Han occidentaux (206 av. J.-C.-9 apr. J.-C.) et les Han orientaux (25-220 apr. J.-C.), séparés par la dynastie Xin fondée par Wang Mang entre 9 et 23 après l'ère commune. En général, on considère la première partie comme la période de transition entre le Xiaozhuan et le Lishu, et la deuxième comme l'apogée du Lishu. Vers la fin des Han orientaux, trois nouveaux styles, principalement dérivés de ce dernier, virent le jour : la Cursive (Caoshu 草书), le Régulier (Kaishu 楷书) et la Semi-cursive (Xingshu 行书). 

La Cursive 草书

À cette époque, deux types de cursive font leur apparition : 1) la Cursive des scribes ou la Cursive des sceaux (Zhangcao 章草), dérivée du Lishu et du Xiaozhuan ; 2) la Cursive moderne ou la nouvelle cursive (Jincao 今草), qui est elle-même une évolution de la Cursive des scribes. Le terme chinois Cao 草 implique ici différentes connotations. Au sens propre, il se traduit par le mot « herbe » ; en calligraphie, on considère que les caractères se manifestent comme des herbes sauvages agitées par le vent. Dans un autre sens, on se réfère au terme « brouillon » ou la sténographie, ce qui exige une pratique plus rapide et moins formelle. Dans la Cursive, les traits d'un caractère sont exécutés de manière irrégulière sans obligation de respecter l'ordre initial. Au niveau de la structure, les lignes complexes sont déformées, remplacées ou supprimées pour accélérer les mouvements du pinceau. Des ligatures entre les traits sont également observables au sein d'un même caractère pour le Zhangcao et entre les caractères pour le Jincao : une liberté considérable qui s'érige en art. D'après l'histoire, le calligraphe Zhang Zhi 张芝 (vers 150) serait considéré comme l'inventeur de l'art de la Cursive.

écriture cursive calligraphie chinoise Wang Xizhi

Wang Xizhi 王羲之 (303-361) Estampage de calligraphie 

Baonu tie 豹奴帖, calligraphie en Cursive des scribes

écriture cursive calligraphie chinoise Zhang Zhi

Zhang Zhi 张芝 (?-192) Estampage de calligraphie 

Guanjun tie 冠军帖, calligraphie en Cursive moderne

Le Régulier 楷书 (Zhenshu 真书 ou  Zhengshu 正书)

Le style régulier apparut vers la période des « Trois Royaumes » 三国 à la fin des Han orientaux. C'est une version rationalisée du style des scribes. Elle se caractérise par sa structure concise et lisible, basée sur des techniques de tracé strictement conçues. Les traits s'exécutent en principe dans un ordre très codifié, un par un, de haut en bas et de gauche à droite. Les caractères sont encadrés dans des carrés virtuels et un alignement horizontal et vertical s'impose également entre eux. De plus, les courbes qu'on note souvent dans le Lishu sont totalement abandonnées, permettant une écriture plus aisée et stable. Ce style fut largement pratiqué à partir des « Trois Royaumes », notamment durant le royaume Wei (220-265) 曹魏, de la dynastie Jin (265-420) 晋朝 et des dynasties du Nord et du Sud (420-589) 南北朝. Il atteignit sa maturité au cours de la dynastie Sui (581-619) 隋朝 et son apogée pendant la dynastie Tang (618-907). Il demeure jusqu'à aujourd'hui le style le plus recommandé pour s'initier à la calligraphie chinoise.

écriture régulière style régulier calligraphie chinoise

Zhong Yao 钟繇 (151-230) Estampage de calligraphie 

Diaoyuanbiao 调元表, style régulier, royaume de Wei 曹魏

écriture de l'épitaphe des Wei calligraphie chinoise

 Estampage de calligraphie, Dawei Zhao Mi muzhi 大魏赵谧墓志

style de l'épitaphe des Wei 魏碑 (386-534) :

écriture transitoire entre Lishu et Kaishu, an 501

La Semi-cursive 行书

La Semi-cursive, alias style courant, est un mélange d'écriture entre la Cursive des scribes et le style régulier. Elle se distingue par la fréquentation des ligatures entre traits, ayant un tracé moins rigide que le Régulier et plus lisible que la Cursive. Les caractères sont tantôt reliés tantôt distincts les uns des autres ; l'ordre des traits n'est pas forcément respecté, accordant au calligraphe une liberté sous contrôle et produisant une écriture esthétique. Elle prit sa forme vers la fin des Han orientaux et fut en vogue pendant la dynastie Jin sous l'influence de Wang Xizhi 王羲之 (303-361), souvent considéré par les Chinois comme le génie de la calligraphie, et de son fils Wang Xianzhi 王献之 (344-386), d'où le terme Er Wang 二王 :  « deux Wang ».

style courant calligraphie éclaircie après la chute de neige

Wang Xizhi 王羲之 (303-361)

Éclaircie après la chute de neige 快雪时情帖

calligraphie semi-cursive 

style courant calligraphie chinoise

Wang Xun 王珣 (349-400)

Lettre à Boyuan 伯远帖

calligraphie semi-cursive 

V. Développement et épanouissement 

(IIIe siècle-dynastie Qing : 1644-1912)

À partir du début du IIIe siècle après l'ère commune, les cinq styles de calligraphies susmentionnés prirent forme : les Sigillaires, les Scribes, le Régulier, la Cursive et la Semi-cursive. Depuis la dynastie Jin (265-420), sous l'emprise des « deux Wang », la Semi-cursive resta longtemps la grande favorite de tous les calligraphes. Jusqu'au début du VIIe siècle, avec l'entrée en scène de la dynastie Tang (618-907), le style régulier prit graduellement de l'importance dans l'usage quotidien grâce aux encouragements du gouvernement et semblait aller de pair avec la Semi-cursive. Parmi les premiers grands calligraphes du style régulier, on en note quatre principaux : Ouyang Xun 欧阳询 (557-641), Yu Shinan 虞世南 (558-638), Chu Suiliang 褚遂良 (596-658) et Xue Ji 薛稷 (649-713). À côté des règles strictes propres au style, leurs écritures ont en commun une structure délicate et des traits semblablement fins. Il s'avère néanmoins que celles-ci n'arrivent toujours pas à se délivrer de  l'influence des Wang.

écriture régulière style régulier calligraphie chinoise Ouyang Xun

Ouyang Xun 欧阳询 (557-641)

Inscription du Palais neuf fois parfait 九成宫醴泉铭

Estampage de calligraphie en extrait, style régulier

écriture régulière style régulier calligraphie chinoise Chu Suiliang

Chu Suiliang 褚遂良 (596-658)

Préface de l'enseignement sacré à a Pagode de l'Oie sauvage

雁塔圣教序 Estampage de calligraphie en extrait, style régulier

écriture régulière style régulier calligraphie chinoise Yu Shinan

Yu Shinan 虞世南 (558-638)

Stèle du temple des ancêtres de Confucius 孔子庙堂碑

Estampage de calligraphie en extrait, style régulier

écriture régulière style régulier calligraphie chinoise Xue Ji

Xue Ji 薛稷 (649-713)

Stèle en éloge du maître bouddhiste Xinxing 信行禅师碑

Estampage de calligraphie en extrait, style régulier

Vers le milieu du règne des Tang, un remaniement fut apporté par Yan Zhenqing 颜真卿 (709-785), le héros loyal au régime qui combattit contre la Révolte d'An Shi 安史之乱 (755-763), également calligraphe réputé pour sa droiture et sa maîtrise. Au lieu de suivre machinalement le courant des « deux Wang » comme la plupart des calligraphes dont l'écriture se confine dans la « finesse », Yan exprime la sienne avec audace, force et grandeur : contraste de la minceur des traits horizontaux avec l'épaisseur des traits verticaux, coup de pinceau accentué et énergique au début et à la fin des traits descendants à droite. Un graphisme révolutionnaire qui remporta un succès indiscutable et eu une influence importante pour les successeurs. Par exemple, Liu Gongquan 柳公权 (778-865), calligraphe réputé de l'époque suivante, prit son envol et réussit à créer son propre style.

calligraphie chinoise style régulier Yan Zhenqing style Yan

Yan Zhenqing 颜真卿 (709-785)

Stèle pour le temple de la famille Yan 颜勤礼碑 

Estampage de calligraphie en extrait, style régulier

calligraphie chinoise style régulier Liu Gongquan style Liu

Liu Gongquan 柳公权 (778-865)

Stèle de la pagode Xuanmi 玄秘塔碑 

Estampage de calligraphie en extrait, style régulier

Pendant que le style régulier se développe, la Cursive progresse également avec l'apparition de grands spécialistes tels que Sun Guoting 孙过庭 (646-691), connu pour sa maîtrise du style et plus particulièrement pour son livre Traité de calligraphie (Shu Pu 书谱), écrit en Cursive vers 687 et considéré comme le premier travail théorique important sur la calligraphie chinoise. Malheureusement, seul la préface de celui-ci a survécu. Plus tard, une nouvelle branche de la Cursive vit le jour, il s'agit d'une transformation de la Cursive moderne vers la Cursive dite « folle » ou «  sauvage » (Kuangcao 狂草 ou Dacao 大草) et qui se traduit par une pratique plus libre et expressionniste que jamais (voir les illustrations ci-dessous). Parmi les experts de cette branche, Zhang Xu 张旭 (675-750) et le moine bouddhiste Huaisu 怀素 (725-785) en sont les maîtres incontestés. 

calligraphie chinoise la cursive folle ou herbe folle Zhang Xu
calligraphie chinoise la cursive folle ou herbe folle Huai Su

Zhang Xu 张旭 (675-750)

Quatre poèmes en forme ancienne 古诗四首 (extrait)

 Écriture cursive folle 

Huai Su 怀素(725-785)

Essai autobiographique 自叙帖 (extrait)

 Écriture cursive folle 

Grâce aux richesses accumulées par les Tang, la dynastie Song (960-1279) put se développer encore plus à tout azimut sur son plan politique, économique, social et notamment culturel. La littérature et les beaux-arts qui parvinrent ainsi à un haut degré de raffinement. La calligraphie quant à elle semble se dégager de son côté purement artistique pour se tourner vers un aspect davantage moral et philosophique, ou peut-on dire, vers l'effusion des émotions et des intentions individuelles des lettrés, rendant la pratique beaucoup plus vivante. Parmi les calligraphes réputés de cette époque, notons Su Shi 苏轼 (1037-1101), Huang Tingjian 黄庭坚 (1045-1105), Mi Fu 米芾 (1050-1107) et Cai Xiang 蔡襄 (1012-1067), connus comme les « quatre plus grands calligraphes de la dynastie Song ». On cite également l'empereur Huizong 宋徽宗 Zhao Ji 赵佶 (1082-1135), le huitième empereur des Song, plus compétent en tant qu'artiste surdoué qu'en tant qu'empereur, connu pour sa peinture et son propre style de calligraphie surnommé : « or effilé » (Shoujin ti 瘦金体), un style qui s'apparente à celui de Xue Ji 薛稷, mais dans une version plus raffinée et plus énergique.

calligraphie chinoise la semi-cursive Su Dongpo

Su Shi 苏轼 (1037-1101)

Poèmes écrits à Huangzhou durant la Fête du repas froid 

黄州寒食帖 (extrait), Écriture courante

calligraphie chinoise la semi-cursive Huang Tingjian

Huang Tingjian 黄庭坚 (1045-1105)

Poèmes écrits lors d'un voyage au Mont Fan

松风阁诗帖 (extrait), Écriture courante

calligraphie chinoise la cursive et écriture courante Cai Xiang

Cai Xiang 蔡襄 (1012-1067)

Le béribéri 脚气帖 

Écriture courante et cursive

calligraphie chinoise l'empereur Huizong
calligraphie chinoise style courant ou semi-cursive Mi Fu

Mi Fu 米芾 (1050-1107)

Poèmes écrits sur la soie du Sichuan

蜀素帖 (extrait), Écriture courante

calligraphie chinoise l'empereur Huizong

Zhao Ji 赵佶 (1082-1135), Le Classique des Mille Caractères 千字文 (extrait), Écriture régulière en « or effilé »  瘦金体

En 1271, la dynastie Song fut renversée par les Mongols qui fondèrent la dynastie Yuan (1271-1368). Durant cette période de dominance étrangère, la pratique de l'écriture semble délaissée et peu d'innovations virent le jour. Malgré tout, elle ne fut en réalité jamais complètement éteinte. Si l'on considère que les Mongols ont conquis les Chinois par la force, on peut dire que les Chinois les ont en retour conquis par leur sagesse culturelle, dont la calligraphie fait partie intégrante. Parmi les calligraphes importants de cette époque, on souligne Tövtömör Khaan (1304-1332), le huitième empereur de la dynastie Yuan, qui fonda même l'Institut Kuizhang 奎章阁 en vue d'étudier les œuvres de calligraphie ancestrales avec une prédilection pour le Régulier, la Cursive et la Semi-cursive, d'où une tendance pour le « retour à l'antiquité ». On note également Xian Yushu 鲜于枢 (1246-1302), connu pour sa Cursive élastique ; Kangli Kuikui 康里巙巙 (1295-1345), particulièrement habile avec le Régulier, la Cursive et réputé pour son style courant très actif ; Yelü Chucai 耶律楚材 (1190-1244), célèbre pour ses caractères justes et rigoureux ; ainsi que Zhao Mengfu 赵孟頫 (1254-1322), descendant à la onzième génération de l'empereur Song Taizong (dynastie Song) et accusé d'avoir trahi son pays après s'être mis au service des Mongols, un calligraphe éminent en Semi-cursive et en Régulier en petit module (style régulier écrit en mini caractère : Xiaokai 小楷).

calligraphie chinoise style régulier Zhang Mengfu
calligraphie chinoise style régulier Zhang Mengfu

Zhao Mengfu 赵孟頫 (1254-1322), Ode à la déesse de la rivière Luo 洛神赋 (extrait), Écriture régulière en mini caractère

Après la chute des Yuan, les Chinois regagnèrent le pouvoir en fondant la dynastie Ming (1368-1644), marquant une période de restauration culturelle et d'expansion. Malgré cela, la pratique de la calligraphie ne connut pas de changements novateurs comme ce fut le cas avec leurs prédécesseurs et les calligraphes s'abandonnèrent presque tous à la reproduction des écritures d'antan, notamment celles des Jin et des Tang. Au départ, la calligraphie fut longtemps formalisée par l'empereur Yongle 永乐帝 (1360-1424) qui engageait toutes les personnes compétentes en la matière et leur donnait pour mission de rédiger des textes administratifs en style uniforme : guange ti 馆阁体 ou taige ti 台阁体 (calligraphie institutionnalisée pour satisfaire le fonctionnement de la monarchie), entravant indirectement la créativité des intellectuels et minimisant les éventuelles évolutions calligraphiques. Cette emprise ne fit l'objet de controverses qu'à partir du milieu et vers la fin des Ming par certains lettrés « rebelles » mettent également en cause la notion de « retour à l'antiquité ». Parmi ces « rebelles », on note Zhu Yunming 祝允明 (1460-1526), doué pour la Cursive folle ; Wen Zhengming 文徵明 (1470-1559), brillant en style régulier (petit module), Semi-cursive et dans toutes les formes de littérature et de beaux-arts ; Wang Chong 王宠 (1494-1533), fort en Petit régulier et Semi-cursive ; Xu Wei 徐渭 (1521-1593), peintre et calligraphe qui excelle en Cursive, connu pour ses coups de pinceaux très fluides et expressifs ; ainsi que Dong Qichang 董其昌 (1555-1636), calligraphe, peintre et critique d'art réputé pour la Semi-cursive et la Cursive.

calligraphie chinoise la cursive Zhu Yunming

Zhu yunming 祝允明 (1460-1526), style cursif

Chant de la harpe 箜篌引 (extrait)

calligraphie chinsoie la cursive Xu Wei

Xu Wei 徐渭 (1521-1593), style cursif

Baiyan shi 白燕诗 (extrait)

Au bout de 276 ans de règne, les Chinois perdirent de nouveau leur pouvoir face à l'invasion des Mandchous qui fondèrent en 1644 la dynastie Qing (1644-1912), le dernier régime féodal vécu sur le territoire Chinois. Ayant tiré la leçon des Mongols, les Mandchous choisirent d'appliquer une politique d'assouplissement afin d'étendre l'économie et d'harmoniser la différence culturelle, permettant ainsi à la calligraphie de poursuivre son évolution jusqu'à atteindre sa apogée. D'un côté, les styles tels que les Sigillaires, les Scribes et l'épitaphe des Wei furent largement développés grâce aux découvertes archéologiques (stèles des Han et post-Han) et aux études épigraphiques menées par des intellectuels à la fois calligraphes et épigraphistes ; de l'autre côté, les styles comme le Régulier, la Semi-cursive et la Cursive connurent également un essor majeur grâce aux études accomplies sur les modèles d'antan. Bon nombre de personnes aux talents variés (calligraphes, peintres, poètes, historiens, épigraphistes, hommes politiques, graveurs de sceau...) apparaissent à l'époque et leur graphie est aussi respectueuse de la tradition qu’elle est novatrice, leur permettant de se distinguer les uns des autres. Parmi les calligraphes célèbres de la première moitié du règne des Mandchous, on cite Wang Duo 王铎 (1592-1652), Fu Shan 傅山 (1607-1684), Zhu Da 朱耷 (1626-1705), Xu You 许友 (ver. 1620-1663), Wang Shimin 王时敏 (1592-1680), Zheng Fu 郑簠 (1622-1693), Zhu Yizun 朱彝尊 (1629-1709) ; durant la deuxième moitié, on note Liu Yong 刘墉 (1719-1804), Wang Wenzhi 王文治 (1730-1802), Weng Fanggang 翁方纲 (1733-1818), Jin Nong 金农 (1687-1763), Zheng Xie 郑燮 (1693-1765), Ding Jing 丁敬 (1695-1765), Qian Dian 钱坫 (1744-1806), Gui Fu 桂馥 (1736-1805 ou 1733-1802), Deng Shiru 邓石如 (1743-1805), Yi Bingshou 伊秉绶 (1754-1815) ; vers la fin des Qing, on relève Lin Zexu 林则徐 (1785-1850), Weng Tonghe 翁同龢 (1830-1904), Wu Xizai 吴熙载 (1799-1870), Zhang Yuzhao 张裕钊 (1823-1894), Wu Dacheng 吴大澂 (1835-1902), He Shaoji 何绍基 (1799-1873), Zhao Zhiqian 赵之谦 (1829-1884), Yang Shoujing 杨守敬  (1839-1915), Kang Youwei 康有为 (1858-1927) et Wu Changshuo 吴昌硕 (1844-1927), etc. 

calligraphie chinoise Zheng Banqiao

Style Six et demi 六分半书, créé par Zheng Xie 郑燮 (1693-1765)

L'un des huit excentriques de Yang Zhou 扬州八怪

 Poème de cinq pieds 五言诗

Style entre Lishu (65%) et Kaishu avec un mélange de traits minces et vigoureux 

calligraphie chinoise Jin Nong

Calligraphie de laque 漆文, créée par Jin Nong 金农 (1687-1763)

L'un des huit excentriques de Yang Zhou 扬州八怪

Moshuo shuren jinghuan lizhou 墨说蜀人景焕立轴 

Style entre Lishu et Kaishu avec des traits vigoureux

VI. Repères chronologiques 

repères chronologiques calligraphie chinoise

Inscrite en 2009 sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité

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